Le bruit de la vaisselle se faisait entendre dans l'arrière-cuisine, les couverts et les verres s'entrechoquent sous les rires de deux hommes accoudés sur le comptoir de l'auberge, chope à la main à moitié vide...Le crépitement des flammes de la cheminée rendait l'ambiance chaleureuse et apaisante bien qu'une étrange femme vêtue d'un long manteau de soie rouge contrastait avec la simplicité vestimentaire des deux hommes. Ils ne lui prêtèrent guère attention préférant rire et chanter à tue-tête les exploits des veilleurs de Sombre-Comté...

Personne ne savait qu'il agissait enfaite de Dame Eudoxie Verber-Lamarzelle, Dignitaire et héritière de la Banque de platine, fille du Lord Lamarzelle, la fiancée de Mr. Thibaud Verbier de Haut Val.

Eudoxie- Bonsoir, je vais prendre une chambre s'il vous plaît, ainsi qu'un repas chaud en salle. Dit-elle en s'avançant vers le tavernier qui se trouvait à l'opposé des deux hommes.

Le Tavernier se retourne sans pour autant dévisager le visage de la femme encapuchonné. Oui, tenez allez donc vous asseoir je vous apporte une soupe chaude ainsi qu'une caille, cela fera 20 pièces d'argent avec la chambre.

Une fois la somme réglé, Eudoxie prit alors place à droite de la cheminée sur une table pouvant accueillir deux personnes comme si elle attendait une certaine personne...Il était 23h00, la salle se vidait peu à peu...

La personne arrivante avait tout d'une marchande ambulante, porteuse d'un gros sac chargé, débordant de plantes aux propriétés diverses. Elle sut arriver quand l'auberge fut complètement vide de ses derniers clients. Elle poussa la porte et se faufila vite pour apprécier la chaleur des lieux. D'une démarche fluide et assurée, elle se dirigea vers la silhouette en rouge et prit tout naturellement place. Elle posa son gros sac aux plantes sur le côté de la table pour se dissimuler légèrement, elle et son rendez-vous. Elle ne prit pas la peine de défaire sa verdoyante cape. La capuche, de la même couleur, ne recouvrait pas totalement son visage.
C'était un visage taillé dans la glace. La peau blême, d'un blanc quasi maladif, des yeux d'azur délavés. Étrange beauté figée. Quelques mèches dépassaient de sa capuche, de couleur ambrée.

-Juste à l'heure. J'espère ne pas vous avoir fait attendre Dame Lamarzelle, ce serait indigne de ma personne. Pour plus de commodité, appelez-moi Lupine. C'est un plaisir de vous rencontrer.

Elle s'exprimait d'une voix ténue, un chuchotis tout juste audible pour son interlocutrice.

Eudoxie relève la tête de son assiette quand elle entendit une voix s'adresser à elle, comme prévu c'était bien son rendez-vous, aucun doute là-dessus, elle reconnut l'ensemble vert et brun et réagit directement lorsque cette dernière prononça son nom. Elle fut un brin étonnée lorsqu'elle découvrit son visage qui était d'une pâleur de cire mais à la fois intrigante.

Elle finit sa bouchée, tout en gardant son capuchon tombant légèrement afin de distinguer son visage pour échanger avec son interlocutrice.

Eudoxie - Enchantée lupine. Vous êtes bien venu seule ? Regarde autour d'elle. Je suis ravi de vous rencontrer en vrai et de mettre un visage... féminin derrière cette annonce. Je suppose que je peux vous faire confiance ? et qu'a la fin de notre entretien vous ne partirez pas précipetement dans la nuit afin de révéler mes intentions ? qui entre nous, serait un très mauvais choix pour votre carrière. Dit-elle en prenant une gorgée de son verre de vin un peu médiocre que l'on pourrait qualifier comme de la piquette à la vue de ces grimaces... les yeux plissés par le goût. Eudoxie est visiblement habituée à de meilleurs crus provenant de la famille de son époux.

Elle continua de fixer les yeux azur de son interlocutrice en attendant sa prochaine réponse, qui l'espère-t-elle, la réconfortera dans ses choix.

-Evidemment, chuchota Lupine de sa voix éthérée, son visage prenant une moue faussement offusquée. Ne commençons pas avec des menaces...Tout cela est contre mes plus profondes valeurs. J'épie, vous payez, tout le monde sera content et repartira sans crainte, comme si nous ne nous étions jamais connues.

Lupine se coupa un instant dans son propos pour faire un signe au tavernier. Quelques instants plus tard, le bonhomme revint avec un bol de cidre pour le petit moineau qui commença à boire. Une légère grimace lui déforma le visage à elle aussi. Elle avait connu meilleur.

-Et je dois admettre que converser avec une femme est autrement plus agréable, plus rassurant. Certains hommes sont incapables de se tenir, si vous voyez ce que je veux dire, susurra-t-elle en jetant un bref coup d'oeil dans la taverne, pour s'assurer qu'elle était toujours bien vide.

À gauche du comptoir la cheminée, bien souvent squattée par les voyageurs rescapés d'une tempête de pluie ou de froid était maintenant occupée seulement par les deux femmes, le feu y est accueillant et toujours crépitant, il se faisait tard, les deux portes battantes qui offrent la vue et l'odeur d'une cuisine "moyenne" restaient figée, on pouvait entendre une mouche voler. Un léger sourire se dessinait sur le coin des lèvres d'Eudoxie qui hocha la tête aux dires de Lupine.

Eudoxie - Effectivement vous marquez un point, donc cette discussion restera entre vous et moi. Après de brèves présentations et un climat de confiance instauré Eudoxie reprit.

Eudoxie - Voyez-vous, peut-être que vous vous en doutez, mais notre famille dirige une Banque à travers tout Azeroth, Le père de mon père a eu l'opportunité et l'audace de développer une telle franchise familiale. Jette un oeil par-dessus son épaule gauche.

Eudoxie - La "BP" veut connaitre ses clients et ses futurs clients de plus près, notre approche commerciale est basée sur une relation de confiance, cependant au sein d'Hurlevent, la Banque Royal est notre concurrent, et en même temps sous l'autorité suprême du Roy. Remets en arrière sa mèche de cheveux avant de reprendre. Le guet Urbain, à une confiance aveugle en son Roy pourtant il n'est pas interdit de placer son argent ailleurs qu'a la Banque Royal, notre but est que nos valeureux soldats du guet Urbain placent leurs économies chez nous à la "BP" et non à la Banque Royal. Si nous avons la confiance du guet Urbain, il se peut que bien des habitants les suivent et prennent exemple pour venir fructifier leur argent chez nous.

Le tavernier fit une brève apparition en salle avant de rentrer dans sa cuisine, il en profita pour débarrasser le plateau d'Eudoxie.


Eudoxie - Vous allez me dire "Oui et moi dans tout ça ? " j'y viens, car pour gagner leur confiance, nous souhaitons connaitre leurs besoins, leurs envies, leurs projet professionnel ou familial, ce que la Banque Royal ne se préoccupe guerre, à par stocker leur solde pour certain c'est tout ce qu'elle fait... Votre mission si vous en êtes capable est de vous rapprocher des soldats du guet-Urbain, gradé ou non, nous voulons tout connaitre de leur vie privée, leurs noms prénoms, projet pro ? mariage ? attende-t-il un enfant ? besoin d'un financement ? achat d'une maison ? un membre de leur famille est-il malade ? coût d'une opération relativement cher ? cherche-t-il un moyen de placement sûr et qui rapporte ? comment voit'il leur retraite? ou bien veulent il seulement aider financièrement la population ou un collègue amputé pour du matériel médical ? une demande de financement urgente ? pour de nouvelles armes ou armures ? le besoin d'argent est partout, et nous voulons avoir le bon argument pour être là auprès d'eux.

Eudoxie marqua un temps de pause avant de reprendre pour finir; C'est une mission qui prend du temps et sera étalée sur plusieurs semaines, voir des mois. Chaque information de l'ordre du privé au sujet d'un garde du Guet Urbain vous sera récompensé 30 argentées par tête, et 50 argentées pour un gradé. Vous marchez ?

Le visage de Lupine se teinta inexorablement d'une moue indéfinissable à l'évocation de la Garde de Hurlevent. Sans doute ne devait-elle pas l'apprécier. Elle humidifia ses lèvres un peu sèches d'un coup de langue discret et sortit un petit carnet relié de cuir d'une de ses poches.

-Je peux me rapprocher d'un garde si nécessaire, certainement. Mais ça ne sera pas ma façon principale d'agir. Je valorise la discrétion pure et dure pour éviter les contacts et ainsi ne jamais être reconnue. Personne ne me connait en ville, c'est tout à mon avantage, il faut que ça le reste dans une moindre mesure. C'est acceptable pour vous ?

Elle baissa son visage toujours encapuchonné pour prendre des notes...tout simplement illisibles. Peut-être que c'était une sorte de code pour qu'on ne comprenne pas ses intentions en cas de problème.

-Est-ce que vous avez déjà des informations sur le Guet ? S'ils ont des habitudes, s'ils ont des endroits où ils apprécient particulièrement d'y aller ? Des personnes dont vous avez besoin de renseignements en priorité ?

Eudoxie - soit, je vous fais confiance, peu importe votre méthode, vous pouvez très bien écouter ce qui se dit...sans intervenir de manière directe. Je comprends votre point de vue et ne vous y force pas. Observe les quelques gribouillis de Lupine sur son carnet de notes. Je n'ai pas vraiment d'information essentielle sur le guet, mise à part la situation de leur caserne... Par contre je dirais principalement que le couple Karven Stolen et Leizen Alrun, conseillère à la chancellerie peuvent être des cibles prioritaires...Peut-être ont-il des projets personnel en commun ? Toute information est bonne à prendre.


Eudoxie dévisageait le visage de Lupine et observe sa réaction, serait-elle prête à accepter une telle requête ?

Ledit visage passa par plusieurs expressions. Le songe, l'ennui, l'hésitation. L'espace d'un instant, les traits s'adoucirent, révélant que Lupine est plus jeune que son faciès de cire ne pourrait le faire croire. Elle poussa un long soupir.

-Je suis navrée au possible, mais...Je ne crois pas avoir les épaules pour une telle mission. Du  moins pour le moment. J'espère que vous trouverez une personne de l'ombre plus adaptée que moi.

Sur ces mots laconiques, la jeune fille piocha dans son sac et y déposa une généreuse poignée de plantes rares avant de s'éclipser, d'un pas léger, à la limite de l'inaudible. Elle ne se retourna pas, peu désireuse de voir le visage de celle qui avait l'espace d'un instant placé ses espoirs sur ses frêles épaules.

HRP:

Eudoxie était stupéfaite et bouche bée par la réponse de Lupine, elle restait là... seule au milieu de la taverne pour dire vide, regardant ainsi Lupine quitter l'auberge. Eudoxie passa la nuit seule, loin de son futur époux. On dit que la jeune femme reparti très tôt dans la matinée en direction d'Hurlevent.